La Chambre des représentants a adopté, ce mardi soir, en seconde lecture au sein de la Commission des secteurs sociaux, le projet de loi sur la grève, une décision qui a suscité une vive controverse, non seulement en raison du contenu de la loi, mais aussi des positions des députés lors du vote. Dans ce contexte, le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, a choisi cette fois de s’exprimer en tant que député, exprimant sa conviction personnelle et défendant l’adoption du projet de loi. Cependant, il n’a pas hésité à critiquer sévèrement ceux qui ont décidé de se retirer du vote, qualifiant cet acte de “trahison de la souveraineté nationale”.
Rachid Talbi Alami, visiblement déterminé à défendre ce projet, n’a pas caché sa conviction que cette loi servira les syndicats à long terme, estimant que le nouveau cadre permettra d’organiser les grèves et de renforcer l’action syndicale, au lieu de laisser la scène ouverte aux coordinations et aux formes de protestation non encadrées. Toutefois, en plein plaidoyer pour le projet, il s’est attaqué à ceux qui ont choisi de se retirer du vote, considérant qu’ils avaient renoncé à leurs responsabilités constitutionnelles et adopté un comportement inacceptable dans une institution censée refléter la volonté de la nation.
Qualifier d’”haute trahison” un acte parlementaire n’est pas anodin, mais Talbi Alami a insisté sur cette accusation de manière explicite, soulignant que les citoyens marocains ont élu leurs représentants pour qu’ils exercent leurs fonctions législatives, et non pour fuir l’affrontement politique par le retrait. Il est même allé plus loin en affirmant que représenter la nation est une responsabilité et un devoir, et que la seule posture acceptable est d’exprimer son opinion, que ce soit par l’approbation, le refus ou l’abstention, et non par un retrait pour éviter une prise de position claire.
Ce discours, bien qu’il cherche à légitimer l’adoption de la loi organique sur la grève, révèle également une tension politique évidente au sein de l’institution législative, où des divergences profondes émergent sur la nature de cette loi et son impact sur les droits des travailleurs. Tandis que certains la considèrent comme une étape nécessaire pour organiser le droit de grève, d’autres y voient une restriction de ce droit et un moyen de le vider de son essence. Cependant, le débat principal aujourd’hui ne porte pas tant sur le contenu de la loi que sur la manière dont les députés y ont réagi, entre ceux qui l’ont défendue et ceux qui ont choisi de se retirer, un acte que le président de la Chambre n’a pas hésité à qualifier de trahison.
Évoquer une “trahison de la souveraineté nationale” au sein du Parlement, dans le cadre d’un vote législatif, soulève des interrogations plus profondes sur le rôle de l’institution législative, les limites des divergences politiques entre ses membres, et sur la question de savoir si l’usage de termes aussi forts favorise le débat démocratique ou accentue la tension au sein d’une institution censée être un espace de dialogue et de consensus.