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La mosquée la Kasbah: plus qu’un monument historique, une mémoire vivante

Nichée dans une ruelle de l’ancienne médina de Tanger, la Kasbah, une petite mosquée éponyme s’érige comme l’un des monuments historiques les plus anciens de Tanger. C’est une perle de l’architecture maroco-andalouse, qui clame aussi son statut de mémoire vivante de certaines gloires du Royaume.

C’est à la fin du 17e siècle que ce petit joyau fut bâti à Tanger, la ville qui a pâti près de deux siècles (de 1471 à 1684) sous le joug de la colonisation portugaise, puis anglaise. À cette date, le nord du Maroc faisait l’objet de visées colonialistes de la part des puissances européennes. Les Espagnols notamment contrôlaient Tétouan, Larache, Sebta, Melilla et Al Hoceima.

Sur ordres du Sultan alaouite Moulay Ismail, le redoutable Caïd des moujahidines, Ali Ben Abdellah Lahmami Tamsamani (alias, Caïd Rifi), organisa, des années durant, des offensives ciblées et bien ordonnées contre le colonialiste, et dressa des blocus aux abords des villes occupées, au bout desquels le colonisateur fut chassé d’Assilah, de Larache, de Mehdia et d’Al Hoceima.

Pour le cas de Tanger, les Anglais, lassés du fardeau financier que pesait la ville sur les finances de l’Etat britannique, et effarouchés par les attaques interminables des moujahidines, furent contraints d’évacuer, de nuit, la ville en 1684, après avoir pillée ses richesses et ses documents historiques, et démoli ses installations et ses défenses.

Suite à la récupération de la ville du Détroit, Moulay Ismail ordonna au Caïd d’entamer les travaux de reconstruction de la ville. C’est ainsi que la mosquée la Kasbah et la Grande mosquée furent édifiées.

Adjacente à la résidence du Caïd Rifi, siège du pouvoir et symbole de l’autorité locale, la mosquée la Kasbah n’étaient pas uniquement un lieu de culte, mais aussi un espace de réunion avec les dirigeants et les notables de la ville, et de prise de décisions politiques et managériales touchant le quotidien des habitants du nord du Maroc.

Selon le chercheur universitaire Ahmed Semlali, la mosquée, avec Dar El Mekhzen (palais de la Kasbah) érigé sur les ruines du château du représentant de la couronne britannique, jouaient un rôle “stratégique” dans la ville. En effet, la construction de la mosquée “symbolise le retour de la ville à ses racines historiques et civilisationnelles”, et reflète son attachement au reste de la patrie.

La mosquée est édifiée dans un style arabo-andalous, avec des arcs et des colonnes carrées, dont une partie est revêtue de bois sculpté. Au centre de la mosquée, un patio (sahn) affichait jadis une fontaine, qui a disparu plus tard pour laisser place à une somptueuse ornementation de zellige traditionnel.

Le minaret, l’une des plus belles spécificités de la mosquée la Kasbah, est octogonale. Il est orné de formes géométriques harmonieuses et de zellige traditionnel de diverses couleurs. Tout en étant unique à Tanger et peu habituel en général, le minaret octogonal trouve sa place dans plusieurs mosquées de la région, notamment à Ouazzane et Chefchaouen, ou encore Sebta, et ailleurs au Maroc.

Aujourd’hui, après sa rénovation par le ministère des Habous et des Affaires islamiques et sa réouverture la veille du mois de ramadan 2015, la mosquée, quoique un peu étroite, attirent des centaines de fidèles, surtout les vendredis et pendant les prières des tarawih.

Les bâtiments avoisinants ont été transformés ou sont dans l’attente de l’être. L’ancienne résidence du gouverneur de la ville est aujourd’hui un Musée des cultures méditerranéennes, qui constitue une partie importante de la mémoire collective méditerranéenne avec des “collections archéologiques et ethnographiques qui reflètent la diversité et la spécificité de Tanger”, selon son site web.

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