Françaisآخر

L’opposition réclame une commission d’enquête parlementaire sur l’importation du bétail… La majorité d’Akhannouch répond par une mission exploratoire sans suites judiciaires ! Quelle différence entre les deux ?

Dans un contexte marqué par la flambée continue des prix des viandes rouges, les groupes parlementaires de l’opposition ont officiellement déposé une demande de création d’une commission d’enquête parlementaire, conformément à l’article 67 de la Constitution et à la loi organique 85.13, afin de faire la lumière sur la gestion des subventions accordées par le gouvernement pour l’importation du bétail et des viandes, et d’évaluer leur impact réel sur le pouvoir d’achat des citoyens.

Quelques jours après cette initiative, les groupes de la majorité – dont le Rassemblement National des Indépendants, le Mouvement Populaire, l’Union Constitutionnelle et l’Union Socialiste des Forces Populaires – ont à leur tour proposé la création d’une mission exploratoire temporaire, dans le cadre des prérogatives des commissions permanentes, sur le même sujet.

Cette démarche de la majorité a été vivement critiquée, certains y voyant une tentative de dévier le débat et d’éviter une enquête rigoureuse susceptible d’engager des responsabilités.

Deux mécanismes parlementaires… deux logiques différentes

Bien qu’elles portent sur le même objet, la commission d’enquête parlementaire et la mission exploratoire diffèrent fondamentalement sur plusieurs niveaux :

1. Fondement juridique :

La commission d’enquête est prévue par la Constitution (article 67) et régie par une loi organique. Elle est dotée d’un pouvoir d’investigation élargi, y compris l’accès aux documents, l’audition des responsables et la possibilité d’envoyer les conclusions au parquet si des dysfonctionnements graves sont constatés.

La mission exploratoire, quant à elle, est un instrument plus souple, organisé par le règlement intérieur de la Chambre des représentants, et relevant des commissions permanentes. Elle ne dispose d’aucune capacité judiciaire.

2. Obligation de transparence :

Le rapport final d’une commission d’enquête doit obligatoirement être présenté en séance plénière dans un délai de deux semaines et peut être publié au Bulletin officiel du Parlement.

À l’inverse, le rapport d’une mission exploratoire reste interne à la commission concernée, sauf décision du bureau d’en permettre la discussion en plénière.

3. Impact politique :

Une commission d’enquête peut aboutir à des recommandations fortes, voire des suites judiciaires. Elle constitue un levier de contrôle politique majeur.

La mission exploratoire est considérée comme un outil d’information plus que de contrôle, et n’engage pas de responsabilités directes.

Un choix révélateur ?

La préférence affichée par la majorité pour une mission exploratoire au lieu de soutenir la proposition de l’opposition en faveur d’une commission d’enquête, soulève des interrogations sur la volonté réelle d’assurer la transparence dans la gestion des fonds publics.

Les observateurs s’interrogent : s’agit-il d’un simple exercice d’information parlementaire, ou d’une tentative délibérée d’éviter toute enquête sérieuse pouvant déboucher sur des sanctions politiques ou judiciaires ?

اترك تعليقاً

مقالات ذات صلة

لا يمكنك نسخ هذا المحتوى

إغلاق