Le projet d’une entreprise émiratie concernant la  construction des bâtiments résidentiels et d’autres espaces touristiques sur les rives du Marina Bay Tanger, a provoqué la colère des visiteurs tangérois des réseaux sociaux, vu qu’ils l’ont considéré comme un empêchement d’une bonne visibilité et vue générale dans toutes les directions , où la Marina elle-même, ainsi que le Boghaz, et les montagnes de la côte sud de l’Espagne, ont disparu.

La société émirienne « Eagle Hills », basée à Abu Dhabi, est entrée dans la ligne de projet qui a été supervisée par la société de réaménagement pour réemployer la zone portuaire de la ville de Tanger, et qui était inclus dans le cadre du projet général de réemploi de la zone portuaire, lancé par le roi Mohammed VI en 2010,  afin d’être achevé de 95%  jusqu’à présent, selon un fonctionnaire de la société de réaménagement portuaire.

Le projet principal vise à atteindre l’équilibre entre les espaces publics et privés, en tenant compte de l’impact des bâtiments sur la vue générale , à la fois de la ville et de la plage, la restauration des monuments et le réemploi des bâtiments symboliques de la zone portuaire afin de préserver l’esprit de cette zone géographique , dans le but de réaliser le processus d’équilibre entre les fonctions urbaines pour rendre ce lieu une destination dynamique, afin de parvenir à un processus de réemploi qui respecte l’environnement.

Projet immobilier, touristique et de divertissement

 « Driss Benabad », directeur technique de la société d’aménagement pour le reconversion de la zone portuaire de Tanger ville, a déclaré que le projet de réaménagement de la zone portuaire comprenait le nouveau port de pêche et la Marina bay , les deux projets pilotes inclus dans le réemploi intégré de la zone portuaire « Tanger-médina », lancé par le roi Mohammed VI le 7 juin 2018.

Le projet public a été doté d’un coût total de 7,5 milliards de dirhams, répartis en 3 milliards de dirhams supportés par l’État pour compléter le port de la pêche maritime et la Marina Bay, la station portuaire pour les voyageurs et la mosquée, et tout ce qui concerne le port de vols long-courriers.

 « Benabad » a ajouté, dans une déclaration spéciale à « Chamaly.ma », que le projet « Eagle Hills » qui durera environ 6 ans et sera maintenu, financé et géré par la société déjà mentionnée, comprend l’achèvement de résidences et appartements de haut de gamme à une hauteur allant jusqu’à 3 étages, en plus de deux hôtels cinq étoiles d’une capacité de 1200 lits, en plus de la construction des centres commerciaux et récréatifs.

En ce qui concerne la dimension urbaine du projet, la société émirienne a officiellement signé un accord avec l’Etat en 2016 d’une valeur financière de 4,5 milliards de dirham, dans le cadre du partenariat entre l’Etat et les entreprises privées pour développer le projet.

Le projet comprend la construction des espaces publics, des installations culturelles, des hôtels, des centres commerciaux, des logements résidentiels et des bureaux, et offrira une vue magnifique, faisant du projet un endroit idéal pour séjourner.

Le projet vise l’ouverture du port sur la ville pour la rendre  attractive d’avantage surtout avec l’achèvement du projet émirien, tout en créant des opportunités d’emploi dans les restaurants, les hôtels et les centres commerciaux, où il va créer une popularité et être une destination des visiteurs.

En revanche, pour pallier le manque d’infrastructures et d’espaces qui pourraient accueillir de grands événements à Tanger, la même source a noté que la composante culturelle occupe une place importante dans le projet. Par conséquent, la ville bénéficiera de divers espaces pour la construction et l’équipement de diverses installations, à travers lesquelles un centre de conférence d’une capacité de 1500 places sera construit et comprendra  plusieurs salles montrant des films et des pièces théâtrales. Ainsi, ce musée sera intégré à la reconfiguration des anciennes salles céréalières d’ancien port et à la construction d’un complexe cinématographique de 7 000 mètres carrés.

La communauté de Tanger explique…

 « Ahmed Talhi », président du comité de la reconstruction dans le conseil communautaire, a déclaré que le projet d’aménagement  et de réemploi de la zone portuaire médina de Tanger est l’un des grands projets royaux qui ont changé la face de la ville, avec le projet du Grand Tanger et le train à grande vitesse.

 « Talhi » , ajoute que l’une des principales composantes du projet, qui a été lancé par le roi Mohammed VI en 2010, qu’il soit achevé ou encore en cours d’achèvement, est le port de pêche, la Marina Bay, la nouvelle station portuaire pour les voyageurs, et la mosquée « Princesse Lala Abla ».

En réponse à une question concernant l’autorisation, «  Talhi » a répondu: « L’autorisation qui a été donnée jusqu’à présent était conforme à la conception globale du projet présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2010. »

La communauté de Tanger est membre du conseil d’administration de l’entreprise chargée de l’aménagement de  la zone portuaire de la ville de Tanger, avec 13 % de la globalité.

Avertissement de vendre la propriété maritime aux entreprises privées

L’Association pour la défense des droits des consommateurs à Tanger a mis en garde contre la vente de la propriété  maritime aux entreprises privées comme celle émirienne : « Eagle Hills », qui a commencé à construire un hôtel de luxe et des résidences de haut de gamme au niveau de la  « Marina Tanger », qui n’a pas respecté , selon l’association, les lois de la reconstruction et la profondeur historique de la capitale de Boughaz.

L’association a ajouté dans un rapport précédent, que « le projet émirien soulève plus qu’un point d’interrogation en raison de la vision qui doit être imposée sur la conception de la ville historique contre la volonté des habitants et au détriment du patrimoine culturel et historique de la ville, considérant ce projet, qui a été présenté sur une plaque d’or aux investisseurs, a laissé beaucoup de marge de manœuvre et de manipulation de l’espace alloué au projet, et il suffit que le projet a retenu la propriété  maritime, qui est un bien public et un héritage pour toutes les générations, où il est interdit de l’exploiter , sauf dans l’intérêt public, plutôt, de le transformer à une propriété privée

La gravité de ce projet, d’après l’Association, se reflète dans ses effets négatifs sur l’environnement et la zone urbaine, qui est une extension du tissu de la ville par rapport à la mer, car il n’est plus limité aux installations touristiques liées au port de loisirs, parce qu’un objet étranger a été inclus dans la conception de l’infrastructure, et qui se reflète dans la création d’un quartier résidentiel sur une grande zone couverte de hauts bâtiments de quatre étages, ce qui constituerait une distorsion urbaine inégalée, et une violation flagrante des lois de reconstruction et le droit de la côte».

 «  Le projet portera un coup au patrimoine culturel historique de Tanger, qui a été associé à la mer et à la vue ouverte au public de l’autre côté de la Méditerranée, où le paysage panoramique, qui sera éliminé après une barrière rocheuse de bâtiments, est brutalement érigé d’une manière à couper le souffle », a déclaré l’association.

Le même rapport poursuit: « la vision et la vue générale sont brisées dans toutes les directions, où le port lui-même a disparu ainsi que le boughaz, sans oublier  les montagnes de la côte sud de l’Espagne, et même les points de repère de la ville sont cachés derrière la densité de construction imposée dans cette zone contrairement à la conception originale du projet, qui stipule de ne pas dissimuler  la vision et la vue de la mer, puis la réduction de l’intensité de la construction. »

Plus sérieusement, le rapport indique: « ce projet, qui a été construit au détriment de l’espace portuaire historique ainsi que la plage municipale, est encore en train d’obtenir plus d’espace terrestre, grâce à l’augmentation de l’expansion de la plage aux frontières de la rue Beethoven en face de l’Hôtel « Almouahidin », comme révélé par la dernière version de la conception de l’aménagement adoptée après son approbation par le Conseil communautaire silencieux, qui est devenu un partenaire dans ce régime dangereux, ce qui signifie que cette plage, qui a perdu plus de 50 % de la superficie totale en raison des impacts urbains et des transformations environnementales, sera encore engloutie et manquée pour ceux qui ne voient que leurs intérêts à l’horizon. »

Des bâtiments qui ne respectent ni  le goût ni l’esthétique

 « Adnane Moiz », un membre du haut rang du groupement des associations du Grand Tanger, a déclaré que « la construction au front de mer a des spécifications spéciales, car les immeubles de grande hauteur ne peuvent pas être achevés à trois étages et au-dessus ».

 « La logique du port de divertissement est une structure pour recevoir et guider les visiteurs vers les espaces de la ville, qu’ils soient commerciaux, touristiques ou hôteliers. Pourtant la construction d’hôtels, de centres commerciaux et d’appartements, a rendu le port une zone résidentielle, indépendant de lui-même, et ne formera pas une homogénéité entre la vieille ville et le port qui cherche à travers le projet principal » : déclaré par la même source.

 « Moiz » a été surpris de construire d’une manière aussi grossière, qui était dominée par le ciment et les appartements résidentiels, que l’acteur associatif considérait déraisonnable et n’avait pas l’architecture achevée dans tels ports de ce type.

Un haut responsable du regroupement  associatif  du Grand Tanger a souligné que le citoyen moyen a exprimé son insatisfaction de ces projets, notant que « quiconque respecte le goût, l’esthétique et les codes du bâtiment du front de mer, voit qu’il s’agit d’une continuation du hasard ».

Un projet durable qui respecte l’environnement et les monuments historiques

 « Idriss Benabad » assure que le projet vise la durabilité, sachant qu’il n’a pas négligé l’aspect environnemental et les énergies renouvelables, où un parking des voitures électriques sera achevé sur une superficie de 4.000 mètres cubes, qui aura une capacité de 200 voitures, avec un centre pour les huiles automobiles.

D’après le même responsable : l’achèvement du projet a nécessité de nombreuses études pour concilier la reconfiguration et le respect de l’environnement en unifiant le port et la ville dans un espace limité, où de nombreuses mesures ont été prises, y compris le bon usage des espaces publics et privés au niveau de l’espace et de l’organisation, la construction de nouveaux bâtiments en tenant compte de leur impact visuel sur la ville, le port et la baie , la préservation et la restauration des monuments historiques et symboliques de la région afin de préserver les aspects spirituels et culturels de ce lieu, ainsi que l’équilibre des fonctions urbaines pour but  de stimuler cet endroit , et de respecter l’environnement tout au long du processus de reconfiguration du port , également l’installation des panneaux solaires pour couvrir une partie de la consommation d’énergie dans les installations portuaires. A cet égard Il est prévu d’installer 7.000 mètres carrés de panneaux solaires qui génèrent 1 MW d’électricité, généraliser l’éclairage électroluminescente (LED) et de transférer les activités industrielles dans la zone franche côtière à la zone franche de Tanger

Sur l’aspect environnemental du projet de création du port de Tanger, le même responsable a évoqué que les autorités concernées ont démoli les bâtiments et recueilli tous les matériaux (concassage de béton pour le gravier réutilisable), la collecte des minéraux, que ce soit en fer ou autrement, fenêtres, etc., et en utilisant la chaussée du couloir qui a été enlevé ailleurs sur le fond marin adjacent pour maintenir son rôle de récif artificiel et préserver la biodiversité, et en utilisant le sable dragué pour construire le nouveau bassin de la marina comme matériau de remplissage , la jeter ou le réutiliser afin de remplir les plages délavées dans la baie de Tanger, et finalement , la plantation de plantes locales qui ne nécessite pas d’arrosage lourd.