Abdelkarim El Maliki, président de la commune de Bouskoura, élu du parti de l’Istiqlal (qui a remplacé l’ancien président destitué), a fermement démenti l’existence de tout projet portant le nom de “Maison d’hôtes” — connu médiatiquement sous l’appellation “Palais du Kremlin” — ou toute autre dénomination similaire sur le territoire de la commune. Il a souligné que ces appellations largement relayées “n’existent ni dans les documents officiels, ni dans les registres des autorisations”.
Selon El Maliki, le projet ayant suscité la polémique médiatique n’a aucun lien avec une structure touristique, hôtelière ou une maison d’hôtes, mais consiste en réalité en une habitation rurale (Maison Rurale) accompagnée d’écuries et de hangars pour chevaux, un projet “tout à fait ordinaire dans sa nature et sa classification juridique”.
Un simple logement rural sur un terrain agricole classé RA : aucun “palais” n’a été autorisé
Le président a précisé que le projet en question est édifié sur le titre foncier n° 153-523-63, d’une superficie d’environ 15 000 m² (un hectare et demi). Le terrain est classé RA – Réserve Agricole, une zone strictement agricole où seuls les projets ruraux ou à vocation agricole sont autorisés.
Dans un entretien accordé au média Al3Omk, il explique :« Le projet est situé dans une zone classée RA. Le plan d’aménagement n’autorise que les habitations rurales et les écuries. Le projet initial n’était rien d’autre qu’une maison rurale accompagnée d’écuries. »

Il ajoute que les travaux réalisés par le propriétaire constituent des infractions graves, ayant modifié la nature du bâtiment et procédé à des extensions illégales, en violation totale des règles d’urbanisme applicables dans les zones agricoles.
El Maliki affirme que la commune et les autorités territoriales ont engagé toutes les procédures légales. La dernière décision de démolition a été émise le 5 décembre 2025, conformément aux lois encadrant l’urbanisme et la protection du foncier agricole.
Le site se situe dans le périmètre de : Douar Lahfaya – Essouanâa – Oulad Haddou – Commune de Bouskoura – Province de Nouaceur.
Origine du dossier : une autorisation de 2019, puis changement du propriétaire et tentatives d’extension
Selon les documents officiels détenus par la commune et la préfecture, l’affaire remonte à 2019, lorsqu’un individu nommé S.L a sollicité une autorisation de construire une maison rurale de 200 m². L’autorisation n° 88/2019 a été délivrée en octobre 2019.
Par la suite, le propriétaire du terrain a changé. Le nouveau propriétaire a déposé une demande modificative sous le numéro 245/2021 en date du 6 août 2021, annulant l’autorisation initiale et transformant le projet en Maison Rurale avec écuries, comprenant :
400 m² de superficie bâtie principale
85 m² de structures annexes
Le propriétaire n’a payé que 34 000 dirhams de taxes, un montant jugé “très faible au regard des irrégularités qui apparaîtront par la suite”.
Rapports de l’Inspection Générale et de la Cour Régionale des Comptes : plus de 4 300 m² bâtis illicitement
Selon les rapports de :
l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale (IGAT)
la Cour Régionale des Comptes de Casablanca-Settat
le propriétaire a construit plus de 4 300 m², soit 20 fois plus que ce que permet l’autorisation !
Les infractions constatées incluent :
Construction d’un mur de clôture massif
Construction d’un rez-de-chaussée complet
Édification de colonnes en béton sur 1 500 m² supplémentaires
Creusement d’un deuxième sous-sol avec fondations et colonnes sur près de 900 m²
Tentative de construire un bâtiment à plusieurs niveaux, contrairement au projet autorisé (RDC + étage)
De plus, le propriétaire n’a pas payé la taxe sur les terrains non bâtis, pourtant obligatoire dès la demande d’autorisation.
Ordres de démolition successifs… sans exécution
El Maliki déclare :
« Plusieurs ordres de démolition ont été émis, mais le contrevenant n’a pas respecté les décisions. »
Les documents officiels montrent :
Procès-verbal de constatation – 1er avril 2022
Premier ordre de démolition – 18 juillet 2023
Refus d’exécution par le propriétaire
Intervention du gouverneur : retrait de l’autorisation
Le Gouverneur de la Province de Nouaceur a adressé une correspondance demandant d’engager les mesures nécessaires.
En conséquence :
L’autorisation a été retirée le 17 décembre 2023
Une commission conjointe (commune + préfecture) a visité le chantier
Elle a constaté un “début de démolition” effectué par le propriétaire
Mais a observé qu’il avait repris les travaux de construction illégale

Nouvelle notification et troisième décision de démolition
Le 17 avril 2024, un huissier a tenté de notifier un nouvel ordre de démolition, mais n’a pas pu accéder au site. Le document a été affiché sur la façade du bâtiment.
Puis, la décision finale de démolition a été émise le 5 décembre 2025, enjoignant le propriétaire :
de démolir l’ensemble des ouvrages illégaux dans un délai de 48 heures
et de vider les lieux
Face au refus de recevoir la décision, les autorités locales ont procédé elles-mêmes à la démolition.

Le président clarifie : l’architecte est marocain
El Maliki précise que l’architecte du projet, Marouane El Houssein, est marocain, contrairement aux rumeurs prétendant qu’il s’agirait d’une architecte étrangère.
« L’architecte est responsable de tout ce qui figure dans le cahier du chantier. C’est lui qui signe et supervise. »
Destitution de l’ancien président de la commune
La Cour administrative de Casablanca a prononcé, le mardi 12 août 2025, la destitution du président de la commune de Bouskoura, Bouchaïb Tah, en raison d’irrégularités graves dans la gestion locale.
Le jugement n° 2025/7107/6284 a été rendu exécutoire immédiatement, sans possibilité de recours.
Ce verdict fait suite à plusieurs rapports d’inspection faisant état de graves irrégularités administratives, financières et organisationnelles.
Auparavant, le Gouverneur de Nouaceur, Jalal Benhayoun, avait déjà suspendu :
Bouchaïb Tah (président)
Fawzia Essamman (vice-présidente, Istiqlal)
Mohamed Essafri (RNI)
Abdellah El Amine (PAM)









