La diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs images montrant une forte similitude entre la nouvelle voiture électrique de Neo Motors, présentée comme un produit “100 % marocain”, et un modèle chinois vendu sur Alibaba à environ 5 500 $, a provoqué une vague de moqueries et de débats, transformée en polémique nationale sur la crédibilité du projet industriel, pourtant soutenu par l’État.
D’une “voiture marocaine” à un “produit chinois avec un logo local” ?
La controverse a éclaté lorsque des internautes et ingénieurs ont publié des comparaisons entre la voiture Neo Motors, commercialisée au Maroc autour de 100 000 dirhams, et son équivalent chinois proposé à moitié prix sur les plateformes de vente en ligne.
Les similitudes, presque totales, dans le design extérieur et les composants, ont conduit certains à qualifier le projet d’“assemblage d’un véhicule chinois rebadgé d’un logo marocain”.
Sur les réseaux sociaux, les commentaires ironiques se sont multipliés : “Ajoute ton logo et gagne cinq millions !”
“Cette voiture se vend 5 000 $ en Chine ; on y met un logo et elle devient marocaine à 10 000 $ !”
Accusations de “tromperie envers l’État et le consommateur”
Plusieurs internautes se sont interrogés sur la manière dont l’entreprise a pu bénéficier du soutien public censé encourager l’industrie nationale, alors que la voiture semble quasiment importée dans son intégralité.
Certains estiment que le projet profite d’exonérations fiscales et d’avantages sans véritable production locale, parlant d’un “assemblage bénéficiant des privilèges du made in Morocco”.
Un commentateur a résumé :“Si cette voiture a bénéficié de subventions publiques, tout est clair : ce n’est pas du soutien industriel, mais de l’exploitation sous couvert de patriotisme économique.”
Des voix défendent le projet
Face aux critiques, d’autres estiment que la polémique est exagérée, rappelant que plus aucun produit industriel n’est 100 % national à l’ère des chaînes d’approvisionnement mondialisées.

“Même les voitures françaises ou américaines intègrent des pièces chinoises ; l’essentiel est que la conception et l’assemblage soient locaux”, explique un internaute.
Certains ajoutent qu’il s’agit d’une phase d’apprentissage industrielle, et que l’importation partielle ou l’assemblage constituent souvent le premier pas vers une véritable production nationale.
La position de l’entreprise : un changement de stratégie, pas d’identité
Dans une déclaration au magazine TelQuel, le PDG de Neo Motors, Nassim Belkhayat, a reconnu un changement de cap industriel.
L’entreprise est passée de la fabrication de voitures thermiques à la conception de microvoitures électriques urbaines, intégrant certains éléments importés de Chine.
Selon lui, cette orientation vise à rendre les véhicules électriques accessibles aux Marocains, tout en précisant que le projet demeure “marocain dans sa vision, sa gestion et son investissement”, même si certaines pièces proviennent de l’étranger.

Entre ambition industrielle et réalité de l’assemblage
Plus de deux ans après la présentation du premier prototype “100 % marocain” lors d’une cérémonie officielle au Palais royal de Rabat en 2023, le projet Neo Motors fait aujourd’hui face à un véritable test de crédibilité.
Entre ceux qui y voient une étape nécessaire vers une industrie nationale et ceux qui dénoncent un simple montage commercial recouvert d’un vernis patriotique, l’avenir du projet dépendra désormais de la transparence de l’entreprise et de sa capacité à prouver que “Made in Morocco” signifie plus qu’une étiquette collée sur un capot.








