Dans une déclaration controversée qui a suscité un large débat, l’ancien ministre et éminent juriste Mustapha Ramid a affirmé que l’appel du roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, à ne pas accomplir le sacrifice rituel de l’Aïd al-Adha cette année n’était pas une décision hasardeuse, mais le fruit d’une réflexion approfondie, d’une longue hésitation et de larges consultations. Cet appel repose, selon lui, sur des données précises concernant la baisse du cheptel au Maroc due à plusieurs années de sécheresse, ainsi qu’à la flambée des prix de la viande.
Ramid a expliqué que le roi, en tant que porteur de la plus haute responsabilité religieuse et politique, est parfaitement conscient que le sacrifice est une tradition fortement ancrée avec le temps. Bien que cet appel soit bien accueilli par beaucoup, il suscitera inévitablement des critiques. Toutefois, le devoir de soulager la population et de prévenir tout préjudice, conformément au verset coranique : “Dieu n’a imposé aucune gêne dans la religion”, a conduit le souverain à prendre cette décision.
L’ancien ministre a également rappelé que le gouvernement a échoué l’année dernière à garantir des moutons à des prix raisonnables, malgré des aides financières considérables qui ont profité à une minorité sans impact réel sur le marché. Il a ajouté que l’intervention royale a évité une ruée massive vers l’achat des moutons, ce qui aurait entraîné une hausse dramatique des prix, au détriment des familles les plus modestes, notamment celles avec de jeunes enfants.
Ramid a précisé que chaque année, entre cinq et six millions de têtes de bétail sont sacrifiées au Maroc lors de l’Aïd. Cela aurait aggravé la situation, surtout que le prix du kilo de viande avait déjà atteint 150 dirhams avant le message royal du 26 février. Il a souligné que « le roi a le devoir de veiller à l’intérêt général autant que les citoyens veillent à leurs intérêts personnels ».
Il a aussi insisté sur le principe juridique selon lequel le besoin collectif est équivalent à la nécessité individuelle, et que, de la même manière que les individus consultent les savants pour leurs cas personnels, il est du devoir du roi de trancher en matière d’intérêt public après avoir recueilli les avis religieux appropriés.
Ramid a conclu son intervention en critiquant fermement ceux qu’il a qualifiés de fanatiques zélés et d’adorateurs de la “douara”, qui insistent sur le sacrifice en dépit des circonstances. Il les a accusés d’être trompés par le diable, en affirmant que sacrifier dans ces conditions revient à nuire à ses voisins — ce que condamne l’islam, comme en témoigne ce hadith du Prophète : “Celui qui croit en Dieu et au Jour dernier ne doit pas nuire à son voisin.”
Et d’ajouter : « Celui qui sacrifie malgré les circonstances actuelles est un mauvais citoyen, sa religiosité est faussée, et il a besoin de soins. Que Dieu le guérisse et lui pardonne. »