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L’heure d’été permanente (GMT+1) a été l’un des sujets les plus controversés au Maroc, aussi bien parmi les citoyens que dans les cercles politiques. Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, faisait partie des critiques les plus virulents de cette mesure lorsqu’il était dans l’opposition. Pourtant, aujourd’hui, son silence sur ce dossier intrigue, alors qu’il occupe désormais un poste clé au sein du gouvernement. Qu’est-ce qui a changé ?
Sous le gouvernement de Saâdeddine El Othmani, Baraka avait lancé de nombreuses attaques contre la majorité en place à cause du maintien de l’heure d’été, qualifiant cette décision d’improvisée et estimant qu’elle accroît les tensions sociales et affecte négativement la vie quotidienne des Marocains. Dans plusieurs déclarations, il avait dénoncé l’adoption du GMT+1 comme étant une mesure “arbitraire” qui ignore les revendications des citoyens. Il avait également imputé au gouvernement la responsabilité des manifestations qui avaient éclaté à l’époque, notamment celles des élèves et des parents d’élèves, qui se plaignaient des conséquences de ce changement sur les horaires scolaires et le rythme de vie.
Cependant, depuis sa nomination en tant que ministre de l’Équipement et de l’Eau dans le gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch, le discours incisif de Baraka sur l’heure d’été a totalement disparu. Il ne réclame plus son abolition, ni même une réévaluation du dispositif, comme il le faisait auparavant. Cette contradiction légitime plusieurs questions : Pourquoi ne prend-il plus position sur cette question, alors qu’il est désormais en mesure d’agir ?
Plusieurs explications peuvent être avancées quant au silence de Baraka sur ce sujet. D’un côté, en tant que membre du gouvernement, il est désormais soumis aux décisions collectives de la majorité et doit s’aligner sur des orientations générales, même si elles vont à l’encontre de ses prises de position passées. D’un autre côté, il pourrait être plus concentré sur les dossiers relevant directement de son ministère, comme les infrastructures et la gestion des ressources en eau, le détournant ainsi des débats qui ne relèvent pas directement de ses compétences. De plus, l’abrogation de GMT+1 nécessiterait un consensus au sein du gouvernement, ce qui semble difficile à obtenir, étant donné que l’actuelle majorité semble déterminée à maintenir ce choix. Enfin, il est possible que le Parti de l’Istiqlal préfère éviter les tensions au sein du gouvernement, afin de préserver sa position politique en vue des prochaines échéances électorales.
Bien que la question ne soit plus explicitement discutée dans l’agenda gouvernemental, les revendications citoyennes pour la suppression de l’heure d’été persistent toujours. Les débats autour de ses effets sur la santé publique, les performances scolaires, les conditions de travail et l’impact économique continuent d’alimenter la polémique. Nizar Baraka rouvrira-t-il ce dossier à l’avenir, ou bien cette question sera-t-elle définitivement reléguée aux oubliettes du débat politique ?
Le passage de Nizar Baraka, de fervent opposant à GMT+1 à un silence total après son entrée au gouvernement, illustre parfaitement comment le discours politique peut évoluer en fonction des responsabilités occupées. Alors que les Marocains continuent de débattre sur le maintien de l’heure d’été, la question demeure : ce dossier refera-t-il surface un jour, ou restera-t-il simplement un sujet opportuniste utilisé dans le cadre des surenchères politiques ?.