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L’Université Abdelmalek Essaâdi vise à former 5 886 experts en intelligence artificielle d’ici 2027

L’impact de l’intelligence artificielle sur l’éducation et son rôle dans la transformation du système d’apprentissage au Maroc a été au cœur d’une rencontre académique organisée ce mardi à Tanger.

Ahmed Maghni, Directeur de l’École Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger et représentant du Président de l’Université Abdelmalek Essaâdi, le professeur Bouchta El Moumni, a affirmé que l’intelligence artificielle n’est plus une simple technologie du futur, mais une réalité présente qui constitue un moteur clé de transformations profondes dans le domaine de l’éducation.

Intelligence artificielle et défis de l’éducation à l’ère numérique

Au début de son intervention, Maghni a souligné que nous vivons un moment historique où il n’est plus possible de considérer l’intelligence artificielle comme une simple technologie moderne, mais plutôt comme une force motrice redéfinissant notre façon d’apprendre et d’enseigner. Il a cité les estimations de l’OCDE, selon lesquelles 60 % des emplois que les jeunes occuperont d’ici 2030 n’existent pas encore. Cela soulève des questions essentielles sur la manière de préparer les étudiants à des métiers qui n’ont pas encore vu le jour et sur les compétences nécessaires pour réussir dans des environnements professionnels totalement nouveaux.

Maghni a expliqué que l’intelligence artificielle n’est pas seulement un outil technique ou économique, mais un facteur clé pour repenser le système éducatif dans son ensemble. Alors que l’UNESCO prévoit que l’intelligence artificielle ajoutera environ 15,7 trillions de dollars à l’économie mondiale d’ici 2030, cette croissance rapide s’accompagne de défis majeurs en matière de restructuration du marché du travail et de développement des compétences nécessaires pour y faire face.

Défis de l’intelligence artificielle au Maroc et en Afrique

Maghni a également évoqué la situation en Afrique, indiquant que le continent comptera environ 600 millions d’étudiants dans l’enseignement supérieur d’ici 2040. Malgré cette croissance importante, la moitié des jeunes africains manquent encore des outils numériques de base, ce qui pose de grands défis aux systèmes éducatifs. Il a ajouté que l’écart numérique entre ceux qui possèdent des compétences en intelligence artificielle et ceux qui en sont dépourvus risque de s’accentuer si des mesures urgentes ne sont pas prises pour développer l’éducation et renforcer les infrastructures numériques.

Pour le Maroc, Maghni a cité un rapport du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) classant le pays à la 93e place mondiale en termes de préparation à l’intelligence artificielle. Le rapport met en évidence plusieurs défis freinant les progrès du Maroc dans ce domaine, tels que le manque de compétences spécialisées, la faiblesse des infrastructures numériques et la fuite des cerveaux. Il est préoccupant de constater que plus de 600 ingénieurs et experts marocains en intelligence artificielle quittent le pays chaque année pour travailler dans des centres d’innovation à l’étranger, ce qui représente une perte considérable de capital humain national.

Université Abdelmalek Essaâdi : une vision proactive pour le développement de l’éducation

Ahmed Maghni a présenté les efforts de l’Université Abdelmalek Essaâdi pour relever ces défis, soulignant que l’université adopte une vision proactive visant à préparer les étudiants à un avenir numérique fondé sur l’intelligence artificielle. L’université a lancé des programmes ambitieux visant à former 5 886 diplômés spécialisés en intelligence artificielle d’ici 2027, avec un accent particulier sur le développement des compétences numériques requises sur le marché du travail.

Maghni a précisé que l’université a adopté en 2024 onze nouveaux parcours académiques dédiés à des domaines tels que l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la transformation numérique. Il a ajouté que ces programmes ne se limitent pas à l’aspect technique, mais visent également à développer des compétences en pensée critique, en innovation et en adaptation aux changements rapides de l’environnement professionnel.

Centre CODE 212 : une plateforme pour l’innovation et la recherche scientifique

Dans le cadre des efforts de l’université pour développer le système d’enseignement numérique, Maghni a évoqué le lancement du Centre CODE 212, qui constitue une plateforme innovante soutenant la recherche scientifique et l’entrepreneuriat dans les domaines de l’intelligence artificielle et des technologies émergentes. Il a précisé que ce centre n’est pas seulement un laboratoire de recherche technique, mais un espace qui combine formation académique, recherche appliquée et soutien aux start-ups, visant à développer des solutions technologiques adaptées aux besoins du Maroc et de l’Afrique.

Maghni a ajouté que l’université prévoit d’élargir cette initiative en créant de nouveaux centres CODE 212 à Tétouan, Al Hoceima, ainsi qu’entre Larache et Ksar El Kebir. Cet élargissement vise à renforcer le leadership du Maroc dans le domaine de l’intelligence artificielle et à offrir des opportunités d’apprentissage avancé à un plus grand nombre d’étudiants et de chercheurs.

Transformation des méthodes d’enseignement et d’apprentissage

Maghni a affirmé que l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur ne se limite pas à l’introduction de nouveaux cours ou à la création de centres d’innovation, mais nécessite un changement radical dans la philosophie de l’éducation elle-même. L’objectif n’est pas seulement de préparer les étudiants à des emplois spécifiques, mais de leur permettre de développer des compétences en pensée critique, en innovation et en apprentissage continu pour relever les défis d’un monde en perpétuelle évolution.

Il a insisté sur l’importance de prendre en compte les dimensions éthiques de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’éducation et de garantir l’égalité des chances pour tous les étudiants, afin que l’IA ne devienne pas un outil renforçant les inégalités sociales, mais plutôt un levier d’inclusion et de progrès collectif.

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