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Le Maroc a connu, ce mercredi 5 février 2025, une forte mobilisation en réponse à la grève générale nationale lancée par cinq centrales syndicales principales, à savoir l’Union Marocaine du Travail (UMT), la Confédération Démocratique du Travail (CDT), l’Union Nationale du Travail au Maroc (UNTM), l’Organisation Démocratique du Travail (ODT) et la Fédération des Syndicats Démocratiques (FSD).
Cette grève a été organisée en protestation contre la détérioration des conditions sociales, la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs, ainsi que contre ce que les syndicats considèrent comme des tentatives du gouvernement de restreindre les libertés syndicales, notamment à travers l’adoption du projet de loi organique sur la grève sans concertation avec les partenaires sociaux.
Une mobilisation massive et une paralysie économique
Les syndicats, notamment la CDT, l’UNTM, l’ODT et la FSD, ont annoncé que le taux de participation à la grève a dépassé les 80 % à l’échelle nationale, avec une large adhésion dans différents secteurs professionnels, ce qui traduit un profond mécontentement du monde du travail face aux politiques gouvernementales. Cette action a également reçu le soutien de plusieurs organisations politiques, civiles et des droits de l’Homme, dénonçant ce qu’elles considèrent comme une remise en cause des acquis sociaux et une restriction des droits syndicaux.
Dans un geste perçu comme provocateur et escalatoire, le gouvernement a adopté le projet de loi organique sur la grève au Parlement le jour même de la grève, en exploitant sa majorité numérique, sans retour à la table du dialogue social. Cette démarche a suscité une vague d’indignation, les syndicats tenant le gouvernement pour responsable de l’aggravation des tensions sociales. Ils estiment que cette politique exacerbe la crise au lieu de chercher des solutions concertées qui répondent aux revendications des travailleurs.
Les syndicats ont appelé le gouvernement à revenir sur ses décisions et ses lois portant atteinte aux droits sociaux et aux acquis des travailleurs, exhortant à une reprise du dialogue social dans un cadre sérieux et responsable. Ils ont également affirmé qu’ils poursuivront leur lutte par toutes les formes de protestation pacifique pour défendre le droit de grève et préserver les acquis sociaux obtenus après des décennies de luttes syndicales.
Une grève inédite face à une crise sociale et économique grandissante
Ce mouvement s’inscrit dans un contexte de crise sociale et économique aiguë, marqué par une montée du chômage et une augmentation inédite du coût de la vie, avec une pression croissante sur le gouvernement pour qu’il intervienne d’urgence afin de protéger le pouvoir d’achat des citoyens et répondre aux revendications des catégories les plus affectées.
De son côté, l’Union Marocaine du Travail (UMT), principale centrale syndicale ayant appelé à une grève nationale de 48 heures, mercredi et jeudi, a annoncé que le taux de participation à la grève a atteint 84,9 % à l’échelle nationale, qualifiant ce mouvement de réussite sans précédent.
Dans un communiqué, l’UMT a souligné que les premiers rapports issus du comité national de suivi de la grève ont révélé une large adhésion des travailleurs et employés dans toutes les régions et villes du Maroc, avec une paralysie quasi totale de l’économie et de la production, y compris dans les secteurs des services, de l’agriculture et du commerce, ainsi que dans les institutions et administrations publiques.
La grève a provoqué un arrêt total du système éducatif, affectant les universités, écoles, instituts supérieurs, centres de formation et cités universitaires, où les cours ont été complètement suspendus. Elle a également eu un impact significatif sur le secteur de la santé, avec un ralentissement marqué des activités dans les hôpitaux universitaires, centres de santé, cliniques et cabinets médicaux.
De plus, l’impact de la grève s’est étendu aux secteurs stratégiques, aussi bien dans la production que dans les services, dans les secteurs public et privé. Les ports ont été largement affectés, notamment dans les activités de chargement et de déchargement, de remorquage et d’assistance des navires, ainsi que dans le transport des conteneurs et le stockage des céréales.
D’autres secteurs ont connu une perturbation majeure, notamment l’industrie automobile, la sécurité sociale et les mutuelles, l’énergie, l’Office National de l’Électricité, la poste et les télécommunications, les banques, l’aviation civile, les services aéroportuaires, les entreprises multiservices régionales, le textile et le cuir, les industries chimiques, le bâtiment et le ciment, l’agroalimentaire, le commerce et les services, les mines et phosphates, la métallurgie, l’industrie pharmaceutique, l’imprimerie et l’édition, les centres d’appels, les agences urbaines et de développement, ainsi que les transports ferroviaires, routiers et urbains.
Enfin, la grève a eu des répercussions sur les médias audiovisuels, notamment la chaîne 2M, ainsi que sur les entreprises de transport maritime, les chantiers et usines du pays, les minoteries, les autoroutes, les tramways et les transports publics.
Un mouvement social révélateur du malaise général
Les rapports syndicaux ont confirmé que la grève a touché la plupart des secteurs économiques et administratifs, reflétant le haut niveau de mobilisation et de soutien face à la détérioration des conditions sociales et économiques. Cette mobilisation constitue un message fort au gouvernement, soulignant la nécessité d’un changement urgent dans les politiques économiques et sociales afin de répondre aux attentes des travailleurs et des citoyens marocains.