Dans une décision qui a suscité une vive polémique, le groupe du Parti de la Justice et du Développement (PJD) au Conseil communal de Tanger s’est vu interdire d’organiser une rencontre de communication dans la grande salle de la commune, prévue pour le vendredi 17 janvier 2025. Cette rencontre avait pour objectif de présenter le bilan du travail communal à mi-mandat.
Selon les informations disponibles, le maire de Tanger, Mounir Lymouri, avait initialement donné son accord de principe pour la tenue de cet événement, avant de revenir sur sa décision à la dernière minute, invoquant l’absence d’une notification officielle adressée aux autorités locales.
De son côté, le groupe du PJD a dénoncé un prétexte infondé, estimant qu’en tant que conseillers municipaux, ils n’étaient pas soumis à l’obligation d’informer les autorités, cette rencontre étant une initiative interne au conseil communal et non une manifestation publique nécessitant une autorisation préalable. Leur lecture de la situation suggère plutôt une volonté de restreindre la liberté d’expression de l’opposition.
Le président du groupe, Ahmed Brouhou, a qualifié cette interdiction de tentative délibérée d’empêcher toute critique de la gestion du conseil communal par la majorité en place. Il a accusé le bureau dirigeant de ne pas respecter le pluralisme politique au sein du conseil et d’entraver l’expression démocratique.
Les observateurs voient dans cette interdiction un symptôme des tensions politiques entre la majorité et l’opposition, en particulier avec le PJD, qui dirigeait la commune lors du précédent mandat et qui figure aujourd’hui parmi les principaux critiques de la gestion actuelle.
Cette décision intervient dans un climat d’accusations croissantes contre la gestion communale, notamment sur des dossiers sensibles comme l’état des infrastructures routières, la gestion des transports publics, la circulation et la propreté. Pour le groupe du PJD, la majorité actuelle n’a pas réalisé de progrès significatifs dans ces domaines, et la tenue de cette rencontre aurait permis de mettre en avant les défaillances relevées dans leur gouvernance.
Des sources proches du conseil communal estiment que l’interdiction découle de craintes au sein de la majorité, qui redoutait que l’événement ne soit utilisé comme une tribune pour critiquer sa gestion. Avec les échéances électorales à l’horizon, tout exercice de communication de l’opposition pourrait représenter une opportunité stratégique pour marquer des points face à la majorité. De plus, les tensions récurrentes entre la majorité et le PJD ont souvent marqué les sessions du conseil communal, et cette interdiction semble être une nouvelle illustration de cette rivalité.
De son côté, Ahmed Brouhou a dénoncé une entrave inédite à l’utilisation des infrastructures communales par les élus, affirmant que tous les conseillers municipaux, quelle que soit leur appartenance politique, devraient pouvoir accéder librement aux locaux de la commune dans le cadre des réglementations en vigueur.
Pour le groupe du PJD, cette décision crée un précédent inquiétant dans la gestion des affaires locales et pourrait ouvrir la voie à de nouvelles restrictions visant à limiter l’expression des élus opposants au sein des institutions élues.