Les autorités locales de la province de Nouaceur ont procédé, mercredi matin, à la démolition d’un vaste projet touristique situé à Bouskoura et connu sous le nom de « Palais de l’Hospitalité ». Une opération intervenue après près de cinq années de travaux quasi achevés, et qui relance un débat intense autour de la nature des autorisations délivrées, du timing de l’intervention et des responsabilités dans ce dossier complexe.
Un projet à 16 millions de dirhams réduit en ruines
Le projet comprenait un palais des congrès, un hôtel classé et un espace de loisirs, érigés sur une vaste superficie avec des normes architecturales et esthétiques de haut niveau.

Cependant, le gouverneur de la province de Nouaceur, Jalal Benhayoun, a donné des instructions fermes pour procéder à la démolition, au motif de l’absence d’autorisations légales de construction.
Selon les informations obtenues par Chamaly, le projet a été construit sur un terrain agricole, où le plan d’aménagement interdit catégoriquement l’édification de projets touristiques. Toute autorisation accordée par la commune dans ce cadre est donc considérée comme « non valide ».
Le propriétaire : « J’ai été surpris par les bulldozers, c’est une honte »
L’investisseur concerné est apparu sous le choc, affirmant que ce qui s’est passé est « une honte inédite », tout en indiquant qu’il détenait « les autorisations nécessaires », reconnaissant toutefois l’existence de « quelques irrégularités formelles ».

Il a ajouté que son projet devait créer des emplois et contribuer au développement de la région « conformément aux orientations royales », avant de se dire surpris de voir les engins de démolition débarquer « sans préavis ».
L’autorisation retirée en 2022
Selon les documents consultés par Chamaly, l’autorisation a été retirée en 2022, et le propriétaire a bénéficié d’un délai de trois ans pour régulariser la situation ou procéder à une démolition volontaire. Malgré cela, les travaux se sont poursuivis normalement, ce que les autorités ont considéré comme une « violation claire de la loi ».

Nos sources précisent que les autorisations délivrées en zone agricole sont strictement limitées à des constructions à usage agricole (étables, serres, installations légères), et qu’elles ne permettent en aucun cas la construction d’infrastructures touristiques, sauf obtention d’une autorisation exceptionnelle émise conjointement par la préfecture et le ministère de l’Agriculture — ce qui n’a pas été le cas.
Des questions qui s’imposent
Cette démolition, intervenue après plusieurs années d’inaction, soulève de nombreuses interrogations :
Pourquoi les autorités n’ont-elles pas stoppé le projet dès ses premières irrégularités ?
Qui a permis la poursuite des travaux malgré le retrait de l’autorisation ?
D’autres projets illégaux dans la même commune seront-ils concernés par la campagne actuelle ?
Des sources locales confient à Chamaly que l’affaire ne concerne pas un seul investisseur, mais plusieurs projets controversés, dont celui d’un parlementaire ayant transformé une autorisation d’« étable agricole » en villa luxueuse dans la même commune.
Une campagne élargie contre « l’investissement anarchique »
Cette opération s’inscrit dans une vaste campagne menée par les autorités pour lutter contre le phénomène de « l’urbanisme anarchique déguisé en investissement », devenu courant ces dernières années dans la zone de Bouskoura et les environs de Nouaceur.

Les sources de Chamaly affirment que le gouverneur de la province entend poursuivre cette campagne avec la même fermeté, afin de restructurer l’espace territorial et d’appliquer le plan d’aménagement « sans aucune exception ».









