Le lotissement La Prairie Rose 2, situé dans le quartier de Boubana à Tanger, est au cœur d’une vive polémique depuis plusieurs semaines, après la découverte de la transformation d’un espace public destiné aux enfants et aux zones vertes en un terrain privé de padel à but commercial, en contradiction avec le cahier des charges de la zone, qui stipule que toutes les installations publiques doivent être cédées gratuitement à la commune.
Bien que le projet soit opérationnel depuis près de deux ans, il a refait surface après la délivrance tardive d’un permis de construire. Or, selon des documents officiels de l’Agence Urbaine de Tanger, l’équipement a été érigé sans autorisation préalable, soulevant de nombreuses interrogations sur la légalité de la procédure et la responsabilité des autorités concernées.
D’un espace pour enfants à un projet commercial
Les habitants ont été surpris de constater que l’aire de jeux initialement prévue avait été convertie en terrain de padel payant, sans que cette modification ne soit prévue dans les plans d’aménagement. Les travaux ont débuté en 2023 et l’activité a été lancée sans aucune autorisation administrative.
Plusieurs copropriétaires ont adressé des plaintes officielles au maire de Tanger, demandant l’arrêt immédiat de l’exploitation et la restitution de l’espace à sa vocation d’origine. L’absence d’intervention rapide a transformé l’affaire en un cas emblématique de gouvernance urbaine et de transparence administrative.
L’Agence Urbaine : des infractions documentées
Dans un procès-verbal daté du 10 octobre 2024, l’Agence Urbaine de Tanger a confirmé que le projet a été construit et exploité sans autorisation légale, précisant que la commission mixte avait recommandé « la suspension de l’activité jusqu’à régularisation et présentation de l’ensemble des documents techniques et administratifs ».
L’agence a aussi souligné que le projet viole la réglementation de l’urbanisme et le cahier des charges du lotissement, qui n’autorise pas les activités commerciales de ce type.
Ce que le maire Limouri n’a pas clarifié
Face à la controverse, le maire de Tanger, Mounir Limouri, a publié une vidéo explicative assurant que le permis était légal et signé par toutes les autorités compétentes, y compris l’Agence Urbaine.
Cependant, cette communication n’a pas répondu aux questions essentielles, notamment :
Comment un permis a-t-il pu être délivré pour une structure déjà construite et exploitée depuis deux ans ?
Pourquoi l’enquête publique sur les avantages et inconvénients a-t-elle été validée sans tenir compte des oppositions officielles des habitants ?
Et surtout, les conditions fixées par l’Agence Urbaine avant toute validation finale ont-elles été respectées ?
Ces zones d’ombre ont renforcé la méfiance de l’opinion publique locale.
Responsabilité administrative et politique
Les données disponibles montrent que le terrain a été exploité illégalement pendant plus de deux ans, ce qui pourrait engager la responsabilité d’élus et de fonctionnaires pour manquement au contrôle ou complicité passive.
Des juristes rappellent que cette situation entre dans le champ d’application des articles 101 et 115 de la loi organique sur les collectivités territoriales, qui tiennent les présidents de communes pour responsables de tout acte portant atteinte à la réglementation urbaine.
Les habitants : « Nous ne sommes pas contre l’investissement, mais contre le désordre »
Les résidents dénoncent le non-respect de la légalité et affirment que le terrain « a dénaturé le caractère résidentiel calme du quartier ».
L’un d’eux confie :« Nous ne sommes pas contre le sport ni l’investissement, mais contre les violations des règles d’urbanisme. Nous demandons simplement le respect du cahier des charges et la restitution de l’espace public. »
Entre transparence et responsabilité
Entre les déclarations rassurantes du maire et les constats officiels de l’Agence Urbaine, l’affaire met en lumière une contradiction institutionnelle préoccupante.
Des observateurs locaux appellent les autorités à faire respecter la loi et protéger le patrimoine collectif, afin d’éviter que les espaces publics ne soient transformés en projets commerciaux privés, au détriment de la confiance des citoyens dans les institutions.









