Directeur Général de l’Agence Spéciale Tanger Med (TMSA), Mehdi Tazi Riffi, a mis en avant, mardi à Casablanca, l’importance de partenariats public-privé (PPP) solides pour garantir le succès des projets climatiques et d’infrastructure portuaire en Afrique.
“La qualité des projets, la solidité des PPP et l’efficacité logistique constituent les trois leviers essentiels permettant de mobiliser efficacement les financements climatiques en Afrique”, a affirmé M. Tazi Riffi qui intervenait lors d’un panel sous le thème “Climat et marchés obligataires : comment construire l’arsenal africain de la finance durable ?” organisé dans le cadre de l’Africa Financial Summit (AFIS-2025).
Ces leviers permettent de donner une visibilité claire tant au secteur public sur sa contribution au PIB et à la création d’emplois, qu’aux développeurs privés sur leurs retours sur investissement, a-t-il souligné.
M. Tazi Riffi a également mis en avant la nécessité de l’accompagnement des infrastructures physiques par des processus efficaces afin de garantir la compétitivité logistique que les ports sont censés offrir.
Abordant l’objectif d’atteindre zéro émission carbone au plus tard en 2050 pour l’industrie portuaire mondiale, il a fait savoir que Tanger Med s’engage dans une stratégie ambitieuse de décarbonation complète de ses installations d’ici 2030, en déployant ses propres capitaux sans attendre de subventions publiques.
Il a ainsi rappelé que le complexe portuaire a pris des mesures concrètes, notamment en assurant un approvisionnement avec 100% d’électricité verte, soulignant que le Groupe déploie un investissement de 200 millions d’euros pour mettre en place des systèmes innovants.
De son côté, le président de la Banque d’Investissement et de Développement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BIDC), George Agyekum Donkor, a souligné que l’Afrique dispose de ressources importantes pour financer les investissements climatiques, estimant à plus de 165 milliards de dollars les actifs domestiques, dont environ 40 milliards proviennent des fonds de pension africains qui pourraient être mobilisés pour soutenir les investissements liés au climat.
M. Donkor a proposé plusieurs solutions pour débloquer ces financements, notamment le recours au rehaussement de crédit pour sécuriser les projets verts et réduire les craintes liées aux risques, l’utilisation de la finance mixte, et l’émission d’obligations vertes pour mobiliser des ressources adéquates, appelant à des réformes réglementaires pour lever les restrictions concernant l’utilisation des fonds de pension et des fonds communs de placement dans les projets climatiques.
Le président de la BIDC a insisté sur l’importance du renforcement des capacités et de la sensibilisation des gestionnaires de fonds et analystes financiers, et sur la nécessité de démontrer que les projets de finance climatique peuvent générer des rendements attractifs.
Pour sa part, Ahmed Aboubacrine, directeur du pôle régional de Rabat de la Banque islamique de développement (BID), a mis en avant le rôle pionnier de cette institution dans le financement d’infrastructures vertes, expliquant que la BID, qui bénéficie d’une notation triple A auprès de toutes les grandes agences de notation, mobilise des ressources sur les marchés internationaux.
M. Aboubacrine a identifié les éléments clés du succès de la BID dans la mobilisation de ressources externes pour financer des projets d’infrastructure verte, notamment l’adoption d’un cadre de financement durable et l’engagement extensif auprès des investisseurs.
Et de souligner qu’il ne suffit pas de lever des fonds sur les marchés internationaux, mais qu’il faut disposer d’un portefeuille de projets prêts à être mis en œuvre, précisant que la BID travaille en amont pour constituer un portefeuille de projets verts à financer.
L’AFIS-2025, qui se tient à Casablanca sous le thème général “Notre capital, notre puissance : libérons la souveraineté financière de l’Afrique”, réunit plus de 1.250 leaders de l’écosystème financier africain pour discuter des stratégies permettant de structurer une offre de finance durable à grande échelle, adaptée aux priorités nationales et aux besoins réels du continent.









