L’Association marocaine de lutte contre la corruption – Transparency Maroc – a exprimé sa profonde inquiétude face à ce qu’elle qualifie de « grave négligence » en matière de sécurité des données personnelles des citoyens, dénonçant les risques de déstabilisation sociale, les menaces sur la cybersécurité nationale et les pertes potentielles de fonds publics causées par des conflits d’intérêts dans plusieurs dossiers, notamment celui des viandes et la démolition de logements sans respect des lois en vigueur.
Dans un communiqué au ton ferme, l’association revient sur les récentes cyberattaques qui ont visé plusieurs institutions publiques, en particulier le ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, ainsi que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), entraînant des fuites massives de données personnelles sensibles. Ces incidents constituent, selon Transparency Maroc, une violation manifeste de la Constitution marocaine et de la loi 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel.
L’association critique la réaction des institutions concernées, qu’elle qualifie d’inadéquate, notant qu’au lieu de rassurer les assurés et les entreprises concernées, ces dernières ont choisi de les menacer, dans un contexte marqué par le silence des ministères de tutelle.
Transparency Maroc appelle les autorités publiques à rendre publique leur stratégie en matière de sécurité des systèmes d’information et de protection des données, et à évaluer les performances des instances chargées de la régulation, notamment la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) et la Direction générale de la sécurité des systèmes d’information (DGSSI), en conformité avec les lois 09-08 et 05-20.
L’association exige également la transparence concernant les prestataires autorisés à cumuler des activités de conseil, de formation, de vente de solutions et d’équipements de sécurité, tout en assurant des missions d’audit, dénonçant un conflit d’intérêts manifeste. Elle appelle par ailleurs à définir un écart salarial maximal tolérable entre les plus hauts et les plus bas salaires dans les secteurs public et privé, en accord avec les standards internationaux de bonne gouvernance.
Dans le même esprit, Transparency Maroc demande la publication des résultats de l’appel d’offres n°15/2021, daté d’août 2021, portant sur l’accompagnement du CNSS pour sa mise en conformité avec la loi 09-08, conformément aux obligations de publicité légale.
En conclusion, l’association réclame l’ouverture d’une enquête judiciaire par le parquet ainsi que la création d’une commission parlementaire d’enquête pour faire la lumière sur cette fuite de données sans précédent par son ampleur et sa sensibilité, et pour établir les responsabilités et les sanctions y afférentes.