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Le secteur du transport international de marchandises au Maroc est confronté à de nombreux défis qui entravent sa compétitivité, notamment face à la flotte européenne bénéficiant d’une législation plus flexible. Lors de la rencontre sur l’investissement dans la région du Nord, présidée par le ministre chargé de l’investissement à Tanger, Ahmed El Ghorabi, président de l’Union nationale du transport multimodal, a mis en lumière plusieurs problématiques freinant le développement du secteur, en particulier certaines lois qui ne répondent plus aux évolutions économiques et aux exigences du marché international.
El Ghorabi a souligné que la concurrence inéquitable entre les transporteurs marocains et leurs homologues européens s’est accentuée en raison des différences réglementaires qui favorisent les entreprises étrangères. En effet, alors que le Maroc impose des restrictions strictes sur l’âge des camions importés et dédouanés, ne permettant l’utilisation que des véhicules de moins de cinq ans, les pays européens ne fixent aucune limite d’âge pour les camions, conférant ainsi un avantage considérable à leur flotte sur le marché marocain. Cette disparité place les transporteurs marocains dans une situation de désavantage concurrentiel par rapport à leurs concurrents européens.
Le président de l’union a ajouté que le ministère de tutelle a promis aux professionnels l’adoption prochaine d’une nouvelle loi régulant l’accès à la profession, dans le but de lutter contre le désordre qui prévaut dans le secteur depuis sa libéralisation en 2003.
Cette loi vise à contrer les pratiques de certains acteurs opportunistes qui exploitent des failles juridiques pour exercer le transport international sans disposer de l’expérience ou des qualifications requises, portant ainsi atteinte à la crédibilité du secteur. Le projet de loi prévoit que les opérateurs du transport international doivent justifier d’une expérience d’au moins trois ans ou d’un diplôme spécialisé, afin de garantir un minimum de compétence et d’exclure ce que El Ghorabi a qualifié de “personnes étrangères au secteur” et de “blanchisseurs d’argent” qui profitent de l’absence de contrôles rigoureux pour s’implanter sur le marché.
El Ghorabi a également insisté sur l’importance de soutenir le transport international en révisant certaines lois freinant l’investissement. Il a révélé que les statistiques officielles indiquent l’existence de 4 176 entreprises de transport international enregistrées, mais que beaucoup d’entre elles n’exercent pas réellement d’activité, se contentant d’exister sur le papier, ce qui illustre le niveau de désorganisation qui affecte le secteur.
Le président de l’union a affirmé que l’organisation de la profession, la mise à jour des lois et la révision du Dahir de 1974 pour adapter les responsabilités des différents intervenants à une vision plus moderne, renforceront la position du transport international marocain. Ces réformes permettront aux investisseurs marocains de bénéficier des mêmes avantages que leurs concurrents européens, améliorant ainsi leur compétitivité et renforçant leur présence sur les marchés internationaux.
Ce débat s’inscrit dans le cadre des efforts gouvernementaux visant à attirer les investissements et à développer les secteurs productifs au Maroc. Le ministre chargé de l’investissement a affirmé lors de la rencontre que le gouvernement est déterminé à améliorer le climat des affaires et à offrir un environnement plus compétitif aux investisseurs marocains, y compris ceux du secteur du transport international de marchandises, qui joue un rôle clé dans la connexion commerciale du Maroc avec ses partenaires internationaux.